Une légende de moins

Bonjour,

C’est en lisant Pêche Sportive que j’ai appris la nouvelle « La mort du père Hoydrie. Il va nous manger le Rodger… ». J’en avais les « paupières en capote de landau ». Certes je le connaissait beaucoup moins et depuis bien moins longtemps que Pierre AFFRE qui en a fait l’hommage mais j’avais eu la chance de le côtoyer quelques années et de faire un séjour de pêche à Cuba avec lui et Pierre. La dernière fois que je l’ai vu c’était chez lui aux pêcheries de Venable avec sa fille Monique et sa femme qui n’allait déjà pas bien à l’époque. Il venait de fêter ses 87 ans et faisait encore tous les jours ses 100 pompes! Parmi le gens que l’on rencontre, il y a en chacun une personnalité particulière (que l’on apprécie plus ou moins) et puis il y a quelques personnes d’exceptions, Roger était de celles-là. Il savait pêcher à tout mais trouvait toujours la solution la plus efficace pour attraper les poissons. Il savait très bien manier le fouet mais s’il fallait pêcher le tarpon au mort manier pour en attraper quelque uns il le faisait. Je l’ai connu alors qu’il venait à l’automne chercher des gardons à l’étang de Lindre pour aleviner ses étangs et ceux de ses clients. Il arrivait toujours la veille pour voir la « marchandise » en plein jour « à la maison de retraite », pensez vous une pisciculture départementale! Ainsi il pouvait profiter avec « son chauffeur » de la carpe farcie ou des brochetons à la crème de Charlotte et Gaston. Il avait toujours deux verres devant lui, un pour le pinot blanc et un pour le pinot noir, comme çà pas de jaloux. Un matin il s’était réveillé avec la tête de travers, et oui, un sacré torticolis. Il n’avait pas trouvé d’oreiller sur le matelas posé au sol alors il avait pris un buche de bois en guise de repose tête, d’où l’angle mort! Quand on était monté dans l’avion pour la Havane, il avait sorti un beau saucisson de son sac, on s’était tous regardés… »comment on va le couper ton saucisson? » et là ni une ni deux il nous sortie un couteau au manche en corne grand comme dans un film de Western. Certes c’était avant le 11 septembre, mais comment avait-t-il peu passer la sécurité avec un tel engin?…déjà que moi il m’avaient « emmerder » pour le fil sur les moulinets que j’avais du mettre en soute! Je me souviens aussi du moulinet dernier cri Mitchell, amené par Vincent Lalu, au nom prédestiné de « Nautilus ». Le matin , »Tiens Roger, tu essayeras ce moulinet, tu verras c’est de la bombe ». Le soir, « Cri, cri, crique » c’est le bruit que faisait le moulinet après être passé dans les mains du Rodger et les nageoires d’un mérou géant… »tiens, je te le rend ton moulinet, c’est de la M…., il aime pas l’eau et les poissons ». Partout où il passait il était apprécié aussi bien des capitaines que des matelots. Il avait toujours une bouteille de whisky de derrière les fagots, ce qui aidait beaucoup à se faire comprendre dans la langue de molière même à l’autre bout du monde. Des comme çà on en fera plus, le moule est cassé. J’espère que Pierre ou Vincent Lalu lui écrira un bouquin car sa vie c’était bien plus qu’un roman. Aller Roger, là où tu es j’espère que les poissons sont trop gros pour les attraper à l’épervier.

Roger Roger, « la classe »

à bientôt.

Yannick

www.domainedumoulinneuf.com